Une haquenée courait à l'amble

 

Une haquenée courait à l'amble

Dessus l'estran, sur les graviers,

Portant femme qui de loin ressemble,

En habits, à une épousée.

 

En vêture de fine soie grège

Ondulant sous un vent léger,

Esseulée, sans nul cortège

Et personne pour la protéger.

 

Longeant furtivement le rivage,

Un voile lui couvrant le visage,

Ne voulant se laisser mener

Vers un avenir incertain,

Elle s'en allait bien décidée

A choisir elle-même son destin.

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_ Où courez-vous si tôt la belle

Sur cette grève des naufrageurs

De la mer ! ... Des hommes rebelles

N'avez-vous ce jour nulle peur.

 

_ Sauf à m'enfuir à tire-d'aile,

Vaudrait-il mieux que l'on m'enterre !

Je pars loin de cette chapelle

Comme de ce marquis de Lancerf !

 

_ Ce vieillard sénile et grossier,

Lamé d'or, perruque poudrée,

A qui on veut me marier,

Alors que j'aime le meunier .

 

_ Que Sainte Barbe nous protège !

De cette engeance malfamée

Si je refuse son lit, son siège,

Il s'est promis de nous tuer ...

                    _____

D'autant de vies, d'autant d'histoires

Depuis tant de siècles passés.

L'affaire n'est donc pas terminée,

Qu'ainsi me remonte en mémoire ... !

 

 L'haquenée, ou ''inkane'' en breton, petit cheval allant l'amble, d'allure

légère et élégante, facile à monter, cheval des dames par excellence .

 Sainte-Barbe, le 30 octobre 2016

 

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