Les chemins de l'Orient

 

Les chemins de l'Orient, sont des chemins immenses,

Où mes pas trop pesants m'ont quelques fois mené.

Les femmes de l'Orient ont de ces indécences,

Dans leurs sourires moqueurs et leurs regards perlés.

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Je pense à ces matins tout englués de brumes,

Où l'odeur du varech vous pénètre les os,

Et aux éclats du "Paon" , sitôt qu'il s'allume

Tout là-bas à Bréhat, au-delà des "Héauts".

 

L'Orient est tout ici, sur cette côte bretonne

Ses rivages, d'ailleurs, s'emmêlent aux galets,

Ses parfums s'y côtoient et nul ne s'en étonne

D'y respirer le myrte, le thym et le genêt.

 

Ami, je te propose cette terre d'Armorique

Où la vague et le flot viennent à l'unisson

Déverser dans nos coeurs cette douce musique

Pour y chanter Paimpol, le Goëlo, ma maison !

 

Ta goélette s'est perdue, Grand-Père, loin en Islande.

Grand-Mère a attendu et toujours t'attend.

On raconte que parfois elle allait sur la lande,

Qu'à une amie, un jour, elle a dit : "je l' entends" !

 

Que de rêves ont sombré dans cette mer immense,

Marie Jeanne en est morte de son amant perdu,

Elle qui avait osé, pourtant, l'ultime danse

Comme narguant l'infini, sur la grève, les pieds nus.

 

Les enfants orphelins, faute d'avoir un père,

Se tournaient, comme un homme, bravement vers la mer;

Se disait à mi-voix : Maman ne le sait pas,

Lorsque je serai grand, je ferai comme Papa !

 

Ne pleure pas ma mère, je vais courir le monde,

Et j'y rapporterai ces jours délicieux,

Qu'enfin je reviendrai à la fin de ma ronde,

Pour finir au pays lorsque je serai vieux.

 

Mes souvenirs sauront me garder ma hardiesse

Pour conter ces histoires à mes petits enfants,

 

Hélas ! Trois fois hélas ! et malgré sa jeunesse

Grand-père n'a jamais dépassé vingt-huit ans.

 

Il est là-bas, il dort, il n'est pas mort peut être

Quelque part en Islande ! Il n'est pas le premier

A n'être pas rentré un soir chez son "Annette" ,

Et les risques Monsieur !  la mer ! ...c'est un métier !

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Rêve, rêve mon Jacques, voyage et puis t'entête

Et persiste à vouloir que le monde soit beau;

Car il serait dommage de penser que peut être

Notre vie ne dépasse la proue d'un bateau !

 

Et si toi, tu décides de marcher dans ta tête

Toi aussi, tu feras le monde à ta façon,

Tu apprendras bien vite que les gens qui t'embètent

Ne sont jamais les maîtres à donner des leçons .

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Les Chemins de l'Orient, sont des chemins immenses,

Où mes pas trop pesants m'ont très souvent mené....

Les femmes de l'Orient ont de ces indécences

Dans leurs sourires moqueurs et leurs regardes perlés !

 

 

Je dédie ce poème à mon grand-père paternel,

marin, pêcheur d'Islande, disparu sur la goèlette

" Quo-vadis" lors de sa campagne, en mai 1912,

et puis à ma grand-mère ''qui dansait sur la lande'' .

( Mon père m'a souvent répèté, comme devoir de mémoire :

dis-leur qu'avant de naître, j'étais un orphelin ! )

 

A tous mes souvenirs, si proches et si lointains !

Romainville le 23 juillet 1999

 

 

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